Parkinson : un nouveau traitement français fait des prouesses

Une avancée médicale inédite pourrait changer la vie de milliers de patients atteints de la maladie de Parkinson. Une équipe française a mis au point une méthode révolutionnaire : injecter directement la dopamine dans le cerveau pour compenser les déficiences liées à la maladie. Loin d’être un simple ajustement des traitements existants, cette percée pourrait bien transformer l’avenir de la prise en charge de cette pathologie.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 10 février 2025 16h50
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Parkinson : un nouveau traitement français fait des prouesses © Shutterstock

Le 6 février 2025, des chercheurs du CHU de Lille ont annoncé une avancée majeure dans la lutte contre la maladie de Parkinson. Pour la première fois, une équipe de spécialistes a réussi à administrer de la dopamine directement dans le cerveau des patients. Cette innovation, portée par la start-up InBrain Pharma, ouvre une nouvelle voie thérapeutique face à une maladie qui touche près de 200 000 personnes en France. Cet essai clinique, baptisé DIVE (Dopamine IntracérébroVentriculaire), pourrait bien bouleverser les traitements conventionnels.

Un traitement révolutionnaire contre la maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson est causée par une dégénérescence des neurones produisant la dopamine, un neurotransmetteur essentiel au contrôle des mouvements. Jusqu’à présent, les traitements se basaient sur l’administration orale de L-Dopa, un précurseur chimique de la dopamine. Ces médicaments présentent des effets secondaires importants, notamment des mouvements incontrôlés après plusieurs années d'utilisation.

L’approche développée par les chercheurs lillois repose sur une perfusion directe et continue de dopamine dans une zone spécifique du cerveau, le striatum. Cette méthode permet d’éviter la dégradation de la dopamine dans le système digestif et sanguin, garantissant ainsi une efficacité optimale.

Les résultats des essais cliniques

Les chercheurs du CHU de Lille et d’InBrain Pharma ont mené une étude clinique de phase I/II, appelée DIVE-I, sur un groupe restreint de patients. Les premiers résultats ont montré une amélioration significative du contrôle moteur, avec une moyenne de 4,4 heures supplémentaires de mouvements fluides par jour. L’autonomie fonctionnelle des patients s’est également accrue, atteignant un gain de 6,6 heures par jour.

La nécessité de médicaments oraux a été considérablement réduite, avec une baisse de 60 % de la dose quotidienne de L-Dopa. Aucun effet secondaire grave n’a été rapporté, les seuls désagréments observés étant des nausées transitoires, comparables aux traitements classiques.

Un projet scientifique ambitieux porté par des chercheurs français

Cette percée médicale est le fruit des recherches de David Devos et Caroline Moreau, professeurs au CHU de Lille et cofondateurs d’InBrain Pharma. Ces spécialistes en neurologie travaillent sur la maladie de Parkinson depuis plusieurs années et ont développé une formulation spécifique de dopamine stabilisée en anaérobie. Ce processus empêche l'oxydation rapide de la molécule et permet une perfusion continue et efficace. Selon David Devos, les patients souffrant d’un déficit en dopamine bénéficieraient idéalement d’un apport direct du neurotransmetteur dans leur cerveau. Le système DIVE répond à cet objectif en permettant une administration ciblée et continue.

Les résultats des premières phases de l’essai étant encourageants, une étude de phase III est en préparation. Son objectif est de tester cette thérapie sur un échantillon plus large de patients et d’obtenir une autorisation de mise sur le marché d’ici la fin de la décennie.

Une révolution thérapeutique pour Parkinson et au-delà

La méthode développée par InBrain Pharma ne se limite pas à la maladie de Parkinson. Selon les chercheurs, ce système de perfusion pourrait être adapté à d’autres pathologies neurologiques. Il pourrait notamment bénéficier aux patients atteints de sclérose en plaques, en permettant une administration plus ciblée des traitements. La maladie d’Alzheimer pourrait également tirer profit de cette technologie en compensant certains déficits en neurotransmetteurs. Certaines maladies neurométaboliques pourraient être mieux prises en charge grâce à l'administration directe de substances essentielles dans le cerveau.

L’accès à cette nouvelle thérapie nécessitera encore plusieurs étapes réglementaires et des financements conséquents. La présidente d’InBrain Pharma, Véronique Foutel, souligne l’importance de confirmer ces résultats à plus grande échelle dans le cadre d’une étude de phase III. Elle précise que tout est mis en œuvre pour garantir un accès rapide au traitement grâce à un programme d’accès précoce.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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