Arrêts maladie : les indemnités vont baisser, votre prime d’assurance augmenter

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 réserve une mauvaise surprise : une diminution significative du plafond de remboursement des arrêts maladie. Une décision qui fait bondir les complémentaires santé et inquiète les entreprises.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 19 février 2025 à 12h00
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Le 17 février 2025, le Sénat a adopté définitivement le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025. Parmi les nombreuses mesures annoncées, l’une suscite une vive opposition des complémentaires santé : la baisse de la prise en charge des arrêts maladie. Alors que la Sécurité sociale remboursait jusqu’à présent 50 % du salaire brut d’un salarié arrêté, dans la limite de 3 240 euros brut par mois, ce plafond sera désormais abaissé à 2 520 euros brut. Une perte sèche qui risque d’impacter directement le portefeuille des travailleurs… à moins que les mutuelles ne prennent le relais.

Une réforme justifiée par un déficit abyssal

La Sécurité sociale affiche un déficit de 22 milliards d’euros en 2025. Face à cette situation préoccupante, le gouvernement cherche des leviers d’économie, et les arrêts maladie figurent parmi les dépenses jugées trop lourdes. En 2024, ils ont coûté près de 16 milliards d’euros, un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Actuellement, un salarié en arrêt perçoit 50 % de son salaire brut à partir du quatrième jour, avec un plafond fixé à 1,8 SMIC, soit 3 240 euros brut par mois. Avec la réforme, ce plafond est abaissé à 1,4 SMIC, soit 2 520 euros brut.

Le gouvernement justifie cette réforme par l’augmentation du nombre d’arrêts maladie et l’explosion de leur coût. L’objectif affiché est de responsabiliser davantage les entreprises et les complémentaires santé en leur transférant une partie du fardeau. Pour les cadres et hauts revenus, cette diminution est particulièrement pénalisante, car leurs indemnités seront bien en deçà de leur salaire réel. Les entreprises devront choisir entre absorber ce coût ou le répercuter sur les salariés.

Les complémentaires santé dénoncent un transfert de charges

Les mutuelles et complémentaires santé sont catégoriques : cette réforme va se traduire par une augmentation des cotisations. Le Comité technique des institutions de prévoyance (CTIP) a rapidement réagi, dénonçant une double peine pour les salariés et les entreprises. Bertrand Boivin-Champeaux, représentant du CTIP, explique que cette réforme n’est "rien d’autre qu’un transfert de charge de l’Assurance maladie vers les entreprises et les salariés", équivalent à la taxation des complémentaires santé.

Concrètement, si un salarié souhaite maintenir son niveau de revenu en cas d’arrêt maladie, son entreprise devra compléter la différence. Et si cette dernière ne le fait pas, ce sera aux mutuelles de prendre le relais, ce qui impliquera nécessairement une hausse des primes. Avant la réforme, le plafond mensuel d’indemnisation était de 3 240 euros brut. Après la réforme, il sera de 2 520 euros brut.

Une hausse inévitable des cotisations des mutuelles

Cette nouvelle charge va forcer les complémentaires santé à revoir leurs tarifs à la hausse. Pour compenser la baisse de prise en charge, les employeurs et salariés risquent donc de devoir mettre davantage la main à la poche. Selon plusieurs experts du secteur, une hausse des cotisations est inévitable. Une étude interne menée par plusieurs mutuelles estime que les contrats collectifs pourraient augmenter de 5 à 10 % en 2025 pour absorber ce transfert de charge.

L’impact sur les assurés sera direct. Les mutuelles devront payer plus, donc elles répercuteront cette charge sur les entreprises et les salariés. Résultat, le coût de la santé va encore augmenter pour tout le monde. D’autant plus que cette réforme s’ajoute à d’autres décisions récentes qui augmentent le reste à charge pour les Français. En parallèle, plusieurs médicaments ne sont plus remboursés et les consultations médicales devraient voir leur tarif augmenter en raison d’une diminution des aides publiques.

Un système de santé de moins en moins solidaire ?

Cette réforme s’inscrit dans un contexte plus large de désengagement progressif de l’Assurance maladie. Depuis plusieurs années, les dépenses de santé sont de plus en plus transférées aux complémentaires santé et aux assurés eux-mêmes. Le reste à charge moyen en France atteint aujourd’hui 7,9 % des dépenses de santé, un chiffre en forte hausse. En 2024, le coût total des arrêts de travail s’élevait à 16 milliards d’euros. Par ailleurs, plusieurs médicaments ont vu leur taux de remboursement passer de 65 % à 30 %, et certains traitements courants ne sont désormais plus pris en charge du tout.

L’idée d’une santé gratuite en France devient un mythe, car les complémentaires et les assurances privées prennent de plus en plus le relais. Avec l’augmentation des primes de mutuelles, le coût réel des soins explose.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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