Les allergies touchent de plus en plus de Français et apparaissant de plus en plus tôt dans l’année. Face à ce phénomène, les spécialistes alertent sur l’urgence de les reconnaître comme un problème de santé publique.
Allergie au pollen : c’est de pire en pire pour les français

Les allergies frappent un quart de la population et progressent, notamment chez les jeunes. Pollen, pollution, alimentation, urbanisme : autant de facteurs qui aggravent la situation.
Une explosion des allergies
Les statistiques sont implacables : 25 % des Français sont allergiques, tous types d’allergies confondus, et ce chiffre pourrait atteindre 50 % d’ici 2050 selon certaines études. Les allergies respiratoires sont en tête, avec le pollen en première ligne. Mais la nouveauté, c’est que ces réactions apparaissent plus tôt dans l’année et s’étendent sur une période plus longue. Alors que le cyprès libérait autrefois son pollen de février à avril, il commence désormais dès janvier et se prolonge jusqu’en avril. Le bouleau, qui causait des allergies en avril, voit sa période de pollinisation s’étaler de mars à mai. Les graminées, autrefois limitées à la période de mai à juillet, affectent maintenant les allergiques d’avril à août. Quant à l’ambroisie, son pic traditionnel d’août et septembre s’étend désormais de juillet à octobre.
Les scientifiques sont clairs : le changement climatique est un accélérateur. Les températures plus douces en hiver favorisent une floraison plus précoce, tandis que la pollution rend les pollens plus agressifs pour les voies respiratoires. Les particules fines agissent comme des amplificateurs, aggravant les crises allergiques. Édouard Seve, allergologue et président du syndicat des allergologues, alerte sur l’impact de l’urbanisme et insiste sur le fait que certaines espèces d’arbres très allergisants comme le cyprès ont été plantées massivement dans certaines régions, augmentant l’exposition.
Les patients livrés à eux-mêmes face à des traitements coûteux
Face aux symptômes (éternuements, yeux qui piquent, asthme) le premier réflexe devrait être la consultation d’un allergologue. Pourtant, les délais pour obtenir un rendez-vous dépassent souvent plusieurs mois. Pendant ce temps, les patients doivent se contenter de traitements symptomatiques en pharmacie, souvent à des prix prohibitifs. Les antihistaminiques coûtent en moyenne entre 5 et 15 euros, avec un faible remboursement de la Sécurité sociale. Les sprays nasaux corticoïdes sont vendus entre 10 et 20 euros, avec une prise en charge partielle. Quant à la désensibilisation, considérée comme le seul traitement permettant de réduire durablement les symptômes, elle représente un investissement important, avec un coût annuel situé entre 800 et 1 500 euros et une prise en charge partielle.
La désensibilisation, pourtant recommandée par de nombreux allergologues, est inaccessible pour beaucoup. Son prix et sa durée, qui s’étale sur trois à cinq ans, dissuadent une majorité de patients. Résultat : on se contente de soulager les symptômes sans traiter le problème de fond. Cette situation aggrave les inégalités d’accès aux soins et laisse une large partie de la population dépendante de traitements médicamenteux qui ne font que masquer les effets des allergies sans en traiter la cause.
Que faire face à cette vague d’allergies ?
Pour limiter l’exposition aux pollens, le Ministère de la Santé recommande plusieurs actions concrètes. Il est conseillé d’aérer tôt le matin ou tard le soir, lorsque la concentration de pollens dans l’air est plus basse. Porter des lunettes de soleil permet de protéger les yeux des particules allergisantes, tandis que se laver les cheveux après une sortie en extérieur évite de transporter du pollen sur son oreiller et de prolonger l’exposition pendant la nuit. L’utilisation de filtres à pollen dans les systèmes de ventilation des voitures peut également réduire la gêne respiratoire des personnes sensibles.
Malgré ces recommandations, aucune politique nationale d’ampleur n’a été mise en place. Les allergologues demandent une meilleure régulation des plantations d’arbres allergisants dans les villes, une prise en charge améliorée des traitements par la Sécurité sociale, ainsi qu’une campagne de sensibilisation nationale sur les risques liés aux allergies.