Violences contre les soignants : le Collectif du 12 Mars appelle à la grève

Ce mercredi 12 mars, une mobilisation inédite secoue le secteur de la santé en France. Les soignants, excédés par une montée des violences dont ils sont la cible, ferment leurs cabinets et descendent dans la rue.

Cropped Favicon.png
Par Jade Blachier Publié le 12 mars 2025 à 14h15
violences-contre-les-soignants-collectif-12-greve

En France, les soignants confrontés à une recrudescence des agressions, qu’elles soient verbales, physiques ou psychologiques. L’Observatoire de la sécurité des médecins rapporte que ces actes hostiles sont en constante augmentation, en particulier dans les cabinets de ville, où l’isolement des praticiens rend toute intervention difficile en cas d’incident.

Cette réalité insupportable a conduit à une réaction collective d’ampleur nationale. Ce mercredi 12 mars, médecins, infirmiers, pharmaciens et kinésithérapeutes, unis sous la bannière du Collectif du 12 Mars, ont décidé d’arrêter le travail pour réclamer des mesures concrètes. Cette journée de grève et de mobilisation vise à alerter le gouvernement et l’opinion publique sur l’urgence d’une réponse adaptée.

Une violence omniprésente et en augmentation

Loin d’être un phénomène isolé, les violences envers les soignants se banalisent à un rythme préoccupant. Si les tensions en milieu hospitalier sont bien documentées, c’est surtout dans les structures libérales et les soins à domicile que l’insécurité progresse de manière inquiétante.

Selon le Conseil national de l’Ordre des médecins, les signalements d’agressions ont augmenté de 27 % entre 2022 et 2023, avec une nette surreprésentation des actes violents dans les zones urbaines sensibles et les territoires où l’accès aux soins est déjà problématique. Les chiffres officiels font état de 1 520 incidents recensés en 2023, contre 1 200 en 2022. Mais ce décompte ne reflète qu’une partie du problème : nombre de soignants ne portent pas plainte, faute de temps, par crainte de représailles ou par résignation face à une réponse judiciaire jugée souvent inadéquate.

Les professionnels libéraux ne sont pas les seuls touchés. Une enquête menée en Occitanie auprès de 2 200 professionnels de santé révèle que 52 % des soignants libéraux déclarent avoir subi des violences ou du harcèlementau cours de leur carrière. Parmi eux, 73 % estiment que ces agressions sont devenues fréquentes et 85 % pensent qu’elles ont augmenté ces cinq dernières années.

Les services d’urgence hospitaliers et les consultations en ambulatoire sont particulièrement exposés. Les soignants décrivent une tension permanente, où chaque refus ou temps d’attente prolongé peut dégénérer. Les agressions verbales sont les plus fréquentes, mais les cas de coups, de séquestration ou de menaces armées ne sont plus exceptionnels.

Les revendications du corps médical : sécurité et justice

Face à cette montée de l’insécurité, les soignants ne réclament pas simplement des protections physiques, mais aussi un changement législatif fort pour dissuader les agresseurs et sanctionner plus sévèrement les actes de violence à leur encontre.

Aujourd’hui, les peines prononcées en cas d’agression d’un professionnel de santé restent souvent symboliques. Plusieurs affaires récentes ont suscité l’indignation des soignants, à l’image d’un médecin de Drancy (Seine-Saint-Denis), violemment agressé en 2024, dont l’agresseur a été condamné à trois semaines de travaux d’intérêt général et 2 000 euros d’amende. Une décision perçue comme un signal d’impunité.

Pour remédier à cette situation, les syndicats demandent une réforme de la législation afin d’élargir le délit d’outrage aux soignants, en y intégrant toutes les formes de menaces et d’intimidation, qu’elles soient verbales ou physiques. Ils exigent également un durcissement des sanctions judiciaires, en particulier lorsque les violences entraînent une incapacité totale de travail de moins de huit jours, ce qui est aujourd’hui rarement sanctionné avec sévérité.

Des mesures de protection à renforcer

Au-delà de l’aspect judiciaire, les soignants réclament des moyens concrets pour garantir leur sécurité. La mise en place de boutons d’alerte dans les cabinets médicaux est l’une des solutions évoquées, permettant d’alerter rapidement les forces de l’ordre en cas d’agression. La sécurisation des accès aux établissements de santé est également une priorité. Enfin, les soignants demandent un accompagnement psychologique systématique pour les victimes de violences, afin de leur offrir un soutien adapté et éviter que ces événements ne laissent des séquelles durables.

Le blocage de la loi Pradal, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale en mars 2024 mais toujours en attente d’examen au Sénat, cristallise les tensions. Ce texte prévoit un renforcement des sanctions pénales et une prise en charge plus rapide des plaintes des professionnels de santé.

Un impact pour les patients, mais une mobilisation nécessaire

Cette journée de grève entraînera des perturbations dans l’accès aux soins, avec la fermeture de nombreux cabinets libéraux. Néanmoins, les syndicats garantissent que les services d’urgence resteront opérationnels, tout comme les dispositifs de garde assurés par SOS Médecins et les maisons médicales de garde.

Pour les patients concernés, il est recommandé d’anticiper leurs consultations et, en cas de besoin, de contacter directement les services d’urgence hospitaliers ou les numéros de régulation médicale.

Aucun commentaire à «Violences contre les soignants : le Collectif du 12 Mars appelle à la grève»

Laisser un commentaire

* Champs requis