Parkinson : les pesticides sont accusés de provoquer la maladie

La progression rapide de la maladie de Parkinson soulève des inquiétudes majeures dans les milieux médicaux et scientifiques. L’attention se porte désormais sur les facteurs environnementaux, en particulier les pesticides, dont l’implication dans l’apparition de cette pathologie neurologique se précise année après année.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 21 avril 2025 10h00
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Parkinson : les pesticides sont accusés de provoquer la maladie © Shutterstock

Le 11 avril 2025, lors de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, plusieurs publications et prises de parole d’experts ont mis en évidence l’urgence de mieux comprendre les causes de cette affection en constante progression. Parmi les pistes explorées : les substances chimiques utilisées en agriculture, qui apparaissent de plus en plus souvent dans les études épidémiologiques comme des facteurs de risque.

Une maladie neurodégénérative en forte augmentation

La maladie de Parkinson est la deuxième pathologie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Elle affecte principalement le système nerveux central et se manifeste par des troubles moteurs (tremblements, raideur musculaire, lenteur des mouvements) et, dans certains cas, des symptômes non moteurs (troubles du sommeil, anxiété, fatigue, difficultés cognitives).

En France, selon l’association France Parkinson, environ 270 000 personnes vivent actuellement avec la maladie. Chaque année, 27 000 nouveaux cas sont diagnostiqués. Les projections internationales indiquent une progression rapide : le nombre de personnes atteintes pourrait atteindre 25 millions dans le monde d’ici 2050, soit deux fois plus qu’aujourd’hui.

L’exposition aux pesticides : un facteur environnemental majeur

Depuis les années 2000, plusieurs études scientifiques ont mis en évidence une association entre l’exposition professionnelle aux pesticides et l’augmentation du risque de développer la maladie de Parkinson. Une recherche menée en France par l’Inserm en collaboration avec la Mutualité Sociale Agricole a montré que les personnes travaillant dans l’agriculture et exposées à des pesticides avaient près de deux fois plus de risques de développer la maladie que les personnes non exposées. L’étude a notamment mis en cause les insecticides de la famille des organochlorés, dont certains comme le lindane ou le DDT ont été utilisés pendant des décennies avant d’être interdits.

La durée d’exposition, la fréquence d’utilisation, les techniques d’épandage, ainsi que le type de substances manipulées sont autant de paramètres qui influencent le niveau de risque. Cette relation dose-effet a été confirmée dans plusieurs cohortes épidémiologiques.

Une vulnérabilité accrue chez les professionnels agricoles

Les professionnels du secteur agricole constituent la population la plus concernée. En particulier, les viticulteurs, du fait de pratiques spécifiques et d’une utilisation soutenue de produits phytosanitaires, présentent une incidence supérieure à la moyenne nationale. Selon les données d’observation en santé publique, certaines zones viticoles enregistrent une augmentation de plus de 10 % des cas de Parkinson par rapport à d’autres territoires.

Les facteurs aggravants incluent l’exposition chronique, souvent sans mesures de protection adaptées dans les années passées, ainsi que l'effet combiné de plusieurs substances. Des recherches ont démontré que certaines molécules, utilisées simultanément, peuvent produire un effet toxique supérieur à celui observé pour chacune d’elles isolément. Ce phénomène, parfois désigné comme « effet cocktail », soulève la question de la réglementation actuelle qui évalue encore majoritairement les produits un par un.

Des patients de plus en plus jeunes

Si l’âge reste un facteur de risque important dans le développement de la maladie de Parkinson, une proportion non négligeable des patients est diagnostiquée avant 65 ans. Selon France Parkinson, environ une personne sur cinq atteinte de la maladie appartient à cette tranche d’âge. Ce constat, observé aussi dans d’autres pays européens, alimente l’hypothèse selon laquelle l’environnement joue un rôle de déclencheur chez des individus plus jeunes, en l’absence de prédisposition génétique connue.

L’association souligne également l’importance d’un diagnostic précoce, souvent difficile à établir en raison de la variabilité des premiers symptômes. Les retards de prise en charge peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie à moyen terme.

Une reconnaissance progressive mais encore incomplète

Depuis 2012, la maladie de Parkinson figure dans le tableau des maladies professionnelles agricoles en France. Cette reconnaissance permet, sous certaines conditions, une prise en charge spécifique par la sécurité sociale pour les professionnels exposés. Toutefois, dans la pratique, les démarches administratives demeurent longues et complexes, et tous les dossiers ne sont pas validés.

Les associations de patients, les syndicats agricoles et certains médecins demandent une simplification des procédures, ainsi qu’un accompagnement juridique et médical renforcé pour les personnes concernées. La question de la reconnaissance pour les personnes non professionnelles mais exposées de manière répétée à proximité des cultures fait également l’objet de discussions au sein des autorités sanitaires.

Vers une politique de prévention renforcée

Plusieurs organisations non gouvernementales, dont France Parkinson et UFC-Que Choisir, appellent à des mesures concrètes pour limiter l’exposition de la population aux pesticides. Parmi les propositions figurent le renforcement des dispositifs de protection des travailleurs, l’interdiction des substances les plus toxiques, la création de zones de non-traitement autour des habitations et des écoles, ainsi qu’une meilleure information des riverains.

Au niveau européen, la réautorisation du glyphosate en 2023 pour une période de dix ans a suscité de nombreuses critiques. Une procédure judiciaire est en cours à l’initiative de plusieurs associations, qui dénoncent l’insuffisance des garanties sanitaires apportées par les études d’homologation.

En France, un nouveau plan national de lutte contre les maladies neurodégénératives est attendu pour fin 2025. Il devrait comporter un volet consacré à la prévention environnementale. Les spécialistes espèrent que ce plan intégrera les avancées de la recherche sur les facteurs de risque et débouchera sur des actions concrètes à moyen terme.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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