Déserts médicaux : SOS Médecins fait la grève aux côtés des étudiants

Alors que les tensions autour de la répartition des professionnels de santé se multiplient, le secteur médical se mobilise. En choisissant de suspendre son activité, SOS Médecins Cotentin souligne les enjeux complexes de l’accès aux soins sur le territoire français.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 29 avril 2025 10h42
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Déserts médicaux : SOS Médecins fait la grève aux côtés des étudiants © Shutterstock

Le mardi 29 avril 2025, l'association SOS Médecins Cotentin a décidé de cesser toute activité pendant vingt-quatre heures. Cette mobilisation s'inscrit dans un mouvement national de contestation contre une proposition de loi visant à mieux répartir les médecins sur le territoire, portée par plusieurs députés, dont Guillaume Garot. Cette journée particulière invite à une réflexion approfondie sur les stratégies de lutte contre les déserts médicaux en France.

Pourquoi SOS Médecins participe à ce mouvement national

À Cherbourg-en-Cotentin comme dans d'autres régions, SOS Médecins rejoint l'appel lancé par les syndicats de jeunes médecins, d’internes et d’étudiants en médecine. L’objectif est de manifester une opposition claire au projet de régulation de l’installation des médecins libéraux.

Selon Christophe Marchenay, président de SOS Médecins Cotentin, « Ce n’est certainement pas maintenant, à l’heure où 87 % de la population vit dans un désert médical, qu’il faut mettre des contraintes d’installation aux médecins. C’est complètement contre-productif » (Ouest-France, 28 avril 2025).

Les médecins dénoncent un projet qu'ils estiment inadapté aux réalités du terrain. Le principal reproche porte sur le risque de décourager les jeunes diplômés de s’installer en pratique libérale, dans un contexte où la profession souffre déjà d’un manque d’attractivité.

Que prévoit exactement la proposition de loi Garot ?

Déposée à l'Assemblée nationale le 13 février 2025, la proposition de loi n°966 vise à mieux répartir les médecins sur l'ensemble du territoire français. Concrètement, elle prévoit que l’installation dans certaines zones bien pourvues soit soumise à l'autorisation préalable d'une agence régionale de santé (ARS).

Le texte entend « corriger les déséquilibres » tout en conservant « la liberté d’installation », selon l’exposé des motifs. Toutefois, pour de nombreux praticiens, cette approche apparaît trop contraignante. Ils craignent que l’instauration de freins administratifs n’aggrave les difficultés de recrutement dans toutes les zones, y compris celles où l'offre de soins reste encore suffisante.

Hervé Pourcelot, membre de SOS Médecins Besançon, a résumé cette crainte : « Cela touche au caractère libéral de notre profession, à notre liberté d'exercice » (France 3 Régions, 28 avril 2025).

Impact concret de la fermeture de SOS Médecins

Pendant toute la journée du 29 avril 2025, les patients du Cotentin ne pourront ni joindre le standard téléphonique ni obtenir de consultation via SOS Médecins. Cette fermeture temporaire vise à sensibiliser la population aux conséquences possibles d’une politique de coercition dans le secteur de la santé.

Les structures hospitalières, déjà sous tension, pourraient voir affluer un nombre plus important de consultations sans rendez-vous, tandis que les patients à mobilité réduite, souvent dépendants des services de visite à domicile, devront différer leurs soins.

Pour Frédéric Bastian, président d'honneur de SOS Médecins Cotentin, cette mobilisation est indispensable : « À part dépeupler la population de médecins généralistes, je ne vois pas l’intérêt de cette coercition » (Actu.fr, 28 avril 2025).

Enjeux pour l'avenir du système de santé

La question de l’accès aux soins dans l’ensemble du territoire reste au centre des préoccupations. Si la lutte contre les déserts médicaux est unanimement reconnue comme une priorité, les modalités pour y parvenir suscitent débat.

Plusieurs professionnels de santé plaident pour des solutions incitatives plutôt que coercitives : majoration des rémunérations en zones prioritaires, aides à l’installation, amélioration des conditions d’exercice ou encore accompagnement administratif renforcé.

Ce mouvement de grève symbolique de SOS Médecins met en lumière un dilemme profond : comment concilier équité territoriale d'accès aux soins et respect de la liberté d'installation, sans fragiliser davantage un secteur déjà en tension ?

En suspendant volontairement son activité le 29 avril 2025, SOS Médecins Cotentin adresse un message clair : toute réforme du système de santé nécessitera l'adhésion pleine et entière des praticiens pour être efficace. Le défi reste entier : garantir un accès aux soins pour tous les Français, sans brider la dynamique professionnelle des médecins.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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