L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé le 14 février 2025 une série de sanctions contre plusieurs entreprises commercialisant des thérapies cellulaires dendritiques sans autorisation en France. Ces traitements, présentés comme innovants et dénués d’effets secondaires, ne disposent pourtant d’aucune validation scientifique et pourraient détourner les malades des soins éprouvés. L’ANSM met en garde contre ces pratiques et pourrait saisir la justice.
Cancer : l’ANSM alerte sur le danger des thérapies cellulaires non prouvées

L’ANSM renforce son contrôle sur les traitements non autorisés et alerte sur les dangers des thérapies cellulaires dendritiques, qui sont proposées sans preuve de leur efficacité. Face à des entreprises qui n’hésitent pas à exploiter la détresse des patients atteints de cancer, l’agence entend faire appliquer la réglementation et protéger la santé publique.
Une décision forte de l’ANSM pour protéger les patients
L’ANSM a pris des décisions de police sanitaire contre plusieurs entreprises qui faisaient la promotion illégale des thérapies cellulaires dendritiques contre le cancer. Ces sociétés affirmaient, sans preuve scientifique, que leur traitement pouvait constituer une alternative efficace aux thérapies classiques. L’agence de régulation a suspendu immédiatement la promotion de ces traitements et rappelle qu’ils ne disposent d’aucune autorisation de mise sur le marché, ni en France, ni en Europe. Les entreprises concernées, Immucura, Immunyo, Iaso Health GmbH et Primo Medico, ont été identifiées comme les principaux acteurs de cette fraude médicale. Elles utilisaient leurs sites internet et leurs réseaux sociaux pour attirer des patients, en jouant sur l’espoir d’une guérison rapide et sans douleur. Cette stratégie commerciale agressive s’appuyait sur des témoignages de malades présentés comme « miraculés », sans aucune base scientifique.
L’ANSM met en garde contre ces pratiques qui risquent de détourner des patients atteints de cancers graves des traitements ayant fait leurs preuves. L’agence de régulation de la santé indique également qu’elle se réserve le droit de saisir le procureur de la République afin d’engager des poursuites pour publicité mensongère et exercice illégal de la médecine. Cette initiative vise à renforcer la surveillance contre les dérives des pseudo-thérapies qui fleurissent en dehors des circuits médicaux réglementés.
Une thérapie expérimentale sans fondement scientifique
Les thérapies cellulaires dendritiques s’appuient sur le principe de l’immunothérapie. Le traitement consiste à prélever des cellules immunitaires spécifiques, les cellules dendritiques, puis à les modifier en laboratoire afin qu’elles puissent mieux reconnaître et attaquer les cellules cancéreuses une fois réinjectées dans l’organisme du patient. Si cette approche suscite un intérêt scientifique, notamment dans certains essais cliniques, elle n’a pour l’instant obtenu aucun aval des autorités de santé pour une utilisation standardisée. Aucun essai clinique d’envergure ne permet d’affirmer que cette technique améliore significativement l’état des patients ou augmente leurs chances de survie.
Le problème ne réside pas seulement dans l’efficacité incertaine du traitement, mais également dans son cadre réglementaire. Toute thérapie qui modifie des cellules d’un patient pour les lui réinjecter est considérée comme un médicament en France et en Europe. À ce titre, elle doit obligatoirement faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché avant d’être prescrite et commercialisée. Ce n’est pas le cas des thérapies vendues par les entreprises mises en cause par l’ANSM. Elles échappent à toute surveillance médicale et à tout encadrement officiel, exposant les patients à des risques inconnus.
Un marché lucratif aux conséquences désastreuses
Ces thérapies illégales ne sont pas seulement inefficaces, elles sont aussi particulièrement coûteuses. Certaines entreprises facturent leurs traitements jusqu’à 18 950 euros la cure, un prix exorbitant qui exploite la vulnérabilité des patients atteints de cancers avancés. Aucun remboursement n’est possible par l’Assurance maladie ou les complémentaires santé, laissant ces malades et leurs familles dans une situation financière précaire.
Au-delà de la question économique, ces traitements posent un problème éthique majeur. En proposant des thérapies non éprouvées, ces entreprises éloignent les patients des soins conventionnels, réduisant leurs chances de bénéficier d’un traitement validé par la communauté scientifique. L’ANSM alerte sur le fait qu’un patient qui se tourne vers ces traitements peut perdre un temps précieux dans sa prise en charge et voir sa maladie progresser sans accès aux soins appropriés.
Que faire si l’on est concerné ?
L’ANSM recommande aux patients qui auraient déjà suivi ou envisagé ces thérapies de ne pas arrêter leur traitement classique sans avis médical. Elle les invite à consulter leur oncologue afin d’évaluer précisément les actes qui ont été pratiqués et les éventuels effets secondaires liés à la thérapie cellulaire dendritique. L’agence sanitaire encourage également toute personne ayant subi des effets indésirables après ces injections à les déclarer sur son site internet afin d’enrichir les connaissances sur ces produits non homologués.
Les autorités rappellent qu’il est impératif de ne pas se fier aux promesses de guérison miracle et de s’en tenir aux traitements validés par la recherche scientifique. En cas de doute sur une thérapie, il est recommandé de se renseigner auprès des institutions officielles telles que l’ANSM, le ministère de la Santé ou encore la Haute Autorité de Santé. Ces organismes fournissent des informations fiables sur les traitements en cours de validation et les thérapies accessibles dans le cadre des protocoles de soins.
Une lutte qui ne fait que commencer
L’affaire des thérapies cellulaires dendritiques illustre une problématique plus vaste : la prolifération des offres médicales douteuses, souvent promues sur internet, visant des patients en situation de détresse. La décision de l’ANSM marque une première étape dans la lutte contre ces dérives, mais le combat est loin d’être terminé. Sans une harmonisation des réglementations au niveau européen et un contrôle accru des plateformes en ligne, ces entreprises risquent simplement de se déplacer vers d’autres marchés ou de modifier leur stratégie pour contourner la législation.
Les malades doivent donc rester vigilants et privilégier des prises en charge médicales reconnues. En matière de cancer, aucun traitement efficace ne peut être vendu sans validation rigoureuse et sans surveillance des autorités sanitaires. Croire aux promesses de guérison rapide et sans risque, c’est souvent perdre un temps précieux dans une bataille où chaque instant compte.