Une patiente a pu bénéficier d’un diagnostic précoce de cancer grâce à l’analyse d’alertes physiologiques fournies par sa montre connectée. L’événement met en lumière les nouvelles perspectives ouvertes par les dispositifs de suivi de santé portables.
Cancer : et si des objets connectés pouvaient vous le diagnostiquer ?

Le 9 avril 2025, une information issue de Nouvelle-Zélande a attiré l’attention du corps médical et du grand public. Une femme de 51 ans a découvert qu’elle souffrait d’un cancer du sang après avoir été alertée par sa montre connectée d’une élévation anormale de sa fréquence cardiaque.
Analyse du cas : une leucémie (cancer) détectée à la suite d’alertes nocturnes
Amanda Faulkner, psychiatre basée à Napier, avait récemment remplacé son ancienne montre par une Apple Watch Series 10. L’une des fonctionnalités qui l’avait convaincue était l’application Vitals, qui analyse automatiquement plusieurs paramètres vitaux pendant le sommeil : fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, température corporelle, saturation en oxygène et qualité du sommeil. Ce système génère un rapport quotidien et notifie l’utilisateur en cas d’anomalie persistante.
Dans le cas d’Amanda Faulkner, la montre a signalé une augmentation importante de la fréquence cardiaque nocturne, qui est passée de 55 battements par minute à plus de 90 bpm. Après plusieurs alertes consécutives, elle a décidé de consulter un médecin. L’examen de ses constantes et des résultats complémentaires a conduit à un diagnostic de leucémie myéloïde aiguë, une forme rare mais agressive de cancer hématologique. Elle a été immédiatement hospitalisée pour débuter un traitement intensif et est actuellement en attente d’une greffe de cellules souches à l’hôpital de Wellington.
Selon les praticiens en charge de son dossier, un retard de diagnostic de seulement quelques jours aurait pu compromettre sérieusement son pronostic vital. Ce cas illustre concrètement comment la collecte de données biométriques continue peut, dans certains contextes, orienter la vigilance médicale vers des affections graves à un stade précoce.
Le fonctionnement de la surveillance physiologique par montre connectée
Les montres connectées de dernière génération embarquent désormais des capteurs capables de mesurer avec précision des paramètres physiologiques courants. Dans le cas de l’Apple Watch Series 10, ces capteurs optiques enregistrent le rythme cardiaque en continu et peuvent détecter des fluctuations importantes par rapport à une base de référence établie automatiquement à partir des données de l’utilisateur.
L'application Vitals, quant à elle, ne se limite pas à la seule fréquence cardiaque. Elle exploite un algorithme combinant plusieurs métriques pour évaluer l’homéostasie nocturne. Des écarts marqués peuvent alors suggérer un état inflammatoire, une infection, un stress métabolique, ou, comme dans le cas présent, un processus pathologique plus profond. Les alertes sont conçues pour attirer l’attention sans se substituer à un diagnostic médical.
L’interprétation correcte de ces données nécessite néanmoins un certain niveau d’information. La pertinence de l’outil dépend de la capacité de l’utilisateur à reconnaître l’importance d’une anomalie signalée, et à la présenter à un professionnel de santé dans un cadre clinique.
La santé connectée : outil de vigilance, pas de diagnostic
Il est fondamental de rappeler que les montres connectées, bien que de plus en plus sophistiquées, ne sont pas des dispositifs médicaux au sens réglementaire du terme. Elles ne sont ni homologuées pour établir des diagnostics, ni autorisées à remplacer une consultation médicale. Le rôle de ces objets doit être considéré dans une logique de complémentarité : ils constituent une source d’observation continue, utile pour détecter des variations significatives dans le fonctionnement de l’organisme.
Dans le cas d’Amanda Faulkner, l’utilisatrice a su interpréter les alertes dans leur contexte, a consulté à temps et a partagé ses données avec son médecin. C’est cette articulation entre technologie, sens clinique et réactivité du patient qui a rendu possible un diagnostic précoce. Ce n’est donc pas la montre qui a détecté le cancer, mais la conjonction de ses données et d’un suivi médical approprié.
Vers un accompagnement renforcé de ces outils dans les parcours de soins
Cette situation pose une question plus large : faut-il intégrer les objets connectés dans les stratégies de santé publique, notamment en matière de prévention ? Si leur efficacité dépend encore fortement du contexte et du profil des utilisateurs, leur potentiel est indéniable dans la détection d’anomalies précoces.
Cependant, plusieurs défis restent à relever. D’un point de vue éthique et organisationnel, il est nécessaire de former les utilisateurs à reconnaître l’intérêt de certaines données, sans générer d’anxiété inutile. D’un point de vue économique, l’accessibilité à ces objets reste limitée : les montres capables de collecter ce type d’information coûtent plusieurs centaines d’euros, ce qui freine leur déploiement dans des populations précaires ou isolées.
Pour les professionnels de santé, ces outils peuvent représenter une source complémentaire d’informations, à condition de disposer de protocoles clairs pour les intégrer aux consultations, et d’un cadre sécurisé pour le traitement des données personnelles.
Un autre cas d’usage : l’alerte SOS déclenchée en mer
En 2024, en Australie, un nageur nommé Rick Shearman a pu être secouru grâce à sa montre Apple Watch Ultra. Emporté par le courant au large de Byron Bay, il a utilisé la fonction SOS de sa montre, qui a automatiquement contacté les services d’urgence en transmettant sa position GPS. Cette fonctionnalité repose sur la connectivité cellulaire de certains modèles et permet d’émettre un appel de détresse même sans smartphone à proximité.
Cette fonction, conçue pour les contextes de danger immédiat, peut s’avérer déterminante lorsqu’elle est connue et utilisée correctement. Là encore, la montre a agi comme vecteur d’alerte, mais c’est l’intervention des secours qui a permis de sauver la vie du nageur.