Alors que le président de la République Emmanuel Macron a annoncé le confinement total partout en France dès mardi midi afin de limiter l’impact du Covid-19, rester enfermé chez soi et limiter au maximum les contacts avec les autres n’est pas sans conséquences. L’isolement prolongé peut causer des symptômes de stress-post-traumatique, confusion, colère, peur, frustration, ennui, stigmatisation…
Depuis mardi, 12 h, 67 millions de Français sont en confinement total chez eux pour une durée de 15 jours minimum afin de limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus. Les déplacements sont ainsi limités et strictement réglementés sous peine d’une amende. Une situation qui génère beaucoup d’anxiété et touche plus particulièrement les personnes déjà vulnérables psychologiquement.
Le 6 mars 2020, la revue spécialisée General Psychiatry a publié les résultats d’une enquête nationale portant sur le degré de détresse psychologique de la population chinoise suite à l’épidémie de Covid-19. Plus récemment le journal médical, The Lancet a publié une revenue sur l’impact psychologique de la quarantaine et les moyens de l’atténuer
Pas tous égaux devant les effets psychologiques
En analysant 52.730 réponses, l’enquête chinoise relève que pour 35% des répondants (35,27% d’hommes et 64,73% de femmes) le résultat obtenu dévoile un stress psychologique modéré, et pour 5,14%, un stress sévère. Les femmes présentent en effet un plus haut degré de détresse psychologique que les hommes.
Cette détresse touche davantage les individus âgés de 18 à 30 ans ou ceux de plus de 60 ans. Les travailleurs migrants constituent le groupe le plus exposé. Ces populations sont donc à surveiller de très près.
Selon les éditeurs de la revue Lancet, la durée de confinement serait un facteur de stress : une durée supérieure à 10 jours est prédictive de symptômes post-traumatiques, de comportements d’évitement et de colère. L'absence de routine et la réduction des contacts physiques et sociaux provoquent souvent de l'ennui, de la frustration et un sentiment d'isolement du reste du monde, vécu comme pénible pour les personnes confinées.
Des recommandations d’experts pour garder le moral
À l’image des Italiens qui se réunissent tous les soirs sur leur balcon pour chanter ensemble, maintenir un lien social, tout en respectant les consignes du gouvernement serait un excellent moyen de préserver sa santé mentale.
Pour réduire l’ennui et le sentiment d’isolement, il est important d’encourager la solidarité entre la population ainsi que de créer des plateformes de soutien et d’échanges en ligne. Il est également essentiel d’aider les familles séparées à rester en contact notamment via la mise en place d’appels vidéo dans les Ephad par exemple.
La revue suggère qu’il est essentiel de rendre le confinement le plus acceptable possible pour tous, en satisfaisant les besoins spécifiques des populations les plus en difficultés. Si le confinement est vécu comme négatif, les conséquences affecteront non seulement les individus qui le subissent, mais aussi le système de santé qui l’organise et les politiques publiques qui le prescrivent.
Afin de maintenir le suivi psychologique des personnes sensibles, les psychiatres et psychologues qui sont eux aussi soumis au confinement, privilégient désormais les consultations à distance. Plusieurs spécialistes appellent à se rassembler pour proposer des consultations gratuites à destination des patients qui se sentent angoissés par le confinement, mais aussi aux médecins mobilisés pour lutter contre le coronavirus.