Les centres de santé sont-ils l’avenir de la médecine de proximité ? Force est de constater que la médecine libérale n’a plus du tout le vent en poupe. Avec en moyenne 350 ouvertures par an, l’expansion des centres de santé a changé de vitesse avec la crise sanitaire. Confinement, déconfinement, reconfinement, les délais d’attente pour une prise de rendez-vous y est bien moindre que chez les médecins libéraux. Mais, en dehors de la crise du Covid-19, les raisons sont bien plus profondes et persistent dans la durée. Tour d’horizons des arguments en faveur des centres de santé.
Le salariat, un statut privilégié par les jeunes diplômés
L’aspiration des jeunes diplômés en médecine généralisée et spécialisée va clairement pour le salariat. Ne pas gérer seul un cabinet en libéral mais partager et se sentir appartenir à une petite entreprise. Une étude révélait en 2020 que 62% des nouveaux inscrits à l’Ordre des médecins choisissent le salariat et seulement 12% d’inscrits optent pour exercer en libéral. C’est un écart important. Celui-ci s’explique par le confort qu’apporte au jeune professionnel un centre de santé, équipée par des outils digitaux permettant de gagner du temps et de le consacrer davantage au patient. Les centres de santé, véritables TPE, font également, grâce à l’attractivité de la France, appel aux médecins étrangers et permettent de fait de répondre efficacement à la désertification médicale de certaines régions de l’Hexagone. Les centres de santé, en offrant un statut de salarié, permettent aux médecins d’exercer quelques années dans des régions « moins » attirantes aux premiers abords. Finalement, de nombreux jeunes médecins restent dans leur région d’adoption.
Une vague porteuse, celle des baby-boomers
Autre tendance sociale de fond. La vague de départs à la retraite des baby boomers, qui s’achèvera vers 2030, sera un défi pour l’ensemble du pays. Le vieillissement de la population est tangible. Ainsi, selon l’institut national de la démographie, au premier janvier 2021, plus de 13.6 millions de Français étaient âgés de plus de 65 ans, contre dix millions onze ans plus tôt. Les plus de 75 ans sont plus de 6 millions actuellement. Seuls les centres de santé peuvent répondre à leurs besoins en termes de soins médicaux. Les revenus à la retraite sont souvent inférieurs à ceux perçus pendant la vie active. Souvent installées dans des villages, au centre de ces fameux déserts médicaux, les personnes plus âgées et fragiles peuvent recevoir la visite des équipes d’un centre de santé. Avec un simple terminal mobile, les soignants en déplacement sur le territoire peuvent accéder au dossier médical et informer le médecin traitant si nécessaire. Moins chers, plus flexibles et à l’écoute, les centres aident face à une population vieillissante et aux besoins en consultations plus fréquents.
Une digitalisation bienveillante pour les patients
La crise sanitaire a fait gagner 5 ans au secteur en termes de digitalisation. Les outils existent depuis longtemps. En cette période de pandémie, des freins notamment psychologiques ont pu être levés. Prise de rendez-vous en ligne, développement de la télémédecine… le premier confinement a ainsi reporté la prise en charge de soins non urgents et créé en mai 2020 un « embouteillage » auquel seuls les centres de santé, ont pu répondre grâce à des solutions informatiques adaptées. Mais, la crise sanitaire n’a été qu’un accélérateur. La volonté des diplômés d’être salariés, la vague de départs à la retraite, les déserts médicaux sont des phénomènes plus anciens et qui influencent sur la durée et en profondeur tout le secteur médical. Rien que face au renoncement des soins, pour des raisons budgétaires, les centres de santé, avec la digitalisation, appliquent tous le tiers payant.
Pas étonnant, que d’ici à 2025, de 300 à 350 centres de santé ouvriront leurs portes chaque année. Chaque centre, employant une vingtaine de personnes et pouvant être équipée d’une solution informatique en moins de 48 heures, a également l’avantage d’avoir une équipe de trentenaires, adeptes du digital. Les centres de santé ont donc un bel avenir devant eux.