La pénurie d’huile de tournesol qui frappe le monde, et tout particulièrement l’Europe, a conduit le gouvernement à créer une exception inédite à la loi qui impose le secteur agroalimentaire à afficher, sur les emballages, les ingrédients. Les recettes pourront être adaptées sans besoin de prévenir les consommateurs dans le détail. Explications.
L’agroalimentaire face à la pénurie d’huile de tournesol
Tout comme les ménages n’arrivent plus à trouver de l’huile de tournesol dans les magasins, les professionnels de la restauration, notamment les restaurants et l’industrie agroalimentaire, n’en trouvent pas non plus. Or, l’huile de tournesol est utilisée dans des milliers de produits. Chips, margarine, sauces... la liste est bien plus longue qu'on ne le croit.
L’industrie a donc demandé au gouvernement une dérogation sur la loi en vigueur, que ce dernier a acceptée. Le 26 avril 2022, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes a annoncé sur son site Internet que les recettes utilisant de l’huile de tournesol pourront être changées par les industriels… sans besoin de changer la liste des ingrédients sur les emballages.
Une demande de dérogation et une simple mention « DEROG » ?
Pour ce faire, rien de plus simple : les entreprises devront demander une dérogation à la DGCCRF qui aura une validité de six mois, avec une clause de revoyure au bout de trois mois. Mais comme les emballages sont déjà disponibles et imprimés, ils n’auront pas à être jetés : ils pourront être utilisés malgré une liste d’ingrédients qui sera, de fait, fausse.
Les industriels devront néanmoins, sous un délai de deux mois, afficher la mention « DEROG » sur lesdits emballages, ce qui informera le client que le produit fait l’objet de cette dérogation exceptionnelle et que, donc, la recette a été changée. Mais aucune obligation de transparence n’a été décidée. Le consommateur, lui, pourra aller voir la liste des produits et des changements sur le site de la DGCCRF.
Santé : pas d’exception pour les allergènes ou les OGM
Ce changement de recette sans mentions particulières ne concernera néanmoins pas l’ajout de produits listés comme des allergènes, notamment du soja ou encore des arachides, qui devront être mentionnés.
De même, dans le cas où des allégations deviendraient caduques, comme « sans huile de palme » ou encore « sans OGM », les industriels seront tenus d’en informer explicitement les consommateurs, directement sur l’emballage.