Grâce à la mobilisation de ses équipes, à sa capacité d’innovation et à des équipements de pointe, le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) joue un rôle central et déterminant dans la lutte contre le Covid-19 au Québec.
C’est au creux de l’hiver 2020 que la pandémie de Covid-19 a frappé aux portes de l’Amérique. Dès le début, le premier objectif du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) a été de veiller à ce que l’hôpital demeure un endroit sûr, aussi bien pour les patients que pour les personnes qui y travaillent. Un plan de formation intensive a été rapidement mis en place, afin d’assurer la sécurité des équipes, de minimiser les vecteurs de transmission et de préparer les intervenants à une évolution rapide de la situation. Une action qui a porté ses fruits puisque le nombre de personnes contaminées dans le grand hôpital de Montréal a été jusqu’ici quasi-nul.
Les équipes de cette vaste organisation de 14 000 personnes, dont plus de 1 000 médecins et quelque 4 000 infirmières, ont dû sortir de leur zone de confort et s’ouvrir à des changements importants. Il a fallu faire preuve d’adaptabilité et d’innovation pour trouver et mettre en place des solutions rapides, dans un contexte en constante évolution. Hôpital désigné, le CHUM a accueilli, sur l’ensemble de l’année 2020, plus de 700 patients atteints du Covid-19, dont près de 150 ont été admis en soins intensifs. L’hôpital a dû faire face, en première ligne, aux deux vagues épidémiques qui ont déferlé sur le Québec, et tout particulièrement sur le Grand Montréal.
Centre névralgique du transfert des patients
Dès mars 2020, le CHUM a reçu le mandat du ministère de la Santé canadien de coordonner tous les transferts inter-hospitaliers des patients atteints de Covid-19 pour l’ensemble du Québec. Le centre d’appels du Centre d’optimisation de l’occupation des lits de soins intensifs (COOLSI) a dû relever ce défi. Son objectif de connaître en temps réel le nombre de lits de soins intensifs disponibles dans le Grand Montréal (16 hôpitaux) a été étendu à l’ensemble du Québec (104 hôpitaux). Tous les jours, depuis le début de la pandémie, l’équipe gère, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, entre 20 et 60 appels, afin de coordonner les transferts de patients atteints du Covid-19 entre tous les hôpitaux québécois. Avec tous ses tableaux de bord, le centre est devenu en quelque sorte « les yeux et les oreilles du ministère » de la Santé, explique le Dr Caroline Ouellet, anesthésiste au CHUM et cogestionnaire médicale du COOLSI. Car c’est la seule entité à suivre en temps réel l’état de la capacité du Québec en lits de soins intensifs.
Sous l’impact de la première vague, le CHUM a dû également augmenter ses capacités en urgence et l’ancien Hôtel-Dieu, qui n’accueillait plus de patients depuis 2019, a repris du service. En avril 2020, pour alléger la pression sur les équipes de soins du CHUM, deux unités ont ouvert leurs portes sur le site afin d’assurer la transition de personnes âgées, atteintes ou non du Covid-19, en attendant qu’elles soient aptes à retourner à leur domicile ou à leur résidence.
En matière de formation, sujet également crucial dans la lutte contre le Covid-19, la Direction de l’enseignement et de l’académie (DEAC) du CHUM a réalisé quelque 40 000 interventions auprès d’équipes d’autres établissements de santé sur des sujets comme la prévention et le contrôle des infections, les protocoles de prise en charge et de transport des patients, la vaccination...
Recherche et intelligence artificielle
Plusieurs équipes du Centre de recherche du CHUM ont également réorienté leurs priorités afin de s’impliquer dans la lutte contre le Covid-19, notamment en participant à la constitution d’une « biobanque » (banque de données de matières biologiques) afin d’identifier des biomarqueurs prédictifs de la progression de la maladie, ou encore en développant une plateforme de test de molécules antivirales. Une équipe de recherche du CHUM vient d’ailleurs d’identifier de nouveaux biomarqueurs associés à la gravité du Covid-19. Dans une étude publiée dans le Journal of Clinical Investigation, les scientifiques et les cliniciens de l’équipe du Dr Catherine Larochelle, chercheuse au CRCHUM et professeure à l’Université de Montréal, ont démontré qu’un ensemble d’altérations immunitaires sont spécifiquement liées à l’infection par le virus SRAS CoV 2 ainsi qu’à la gravité du Covid-19, à son évolution à 30 jours et à sa mortalité à 60 jours. Autant de biomarqueurs qui représentent de potentielles cibles thérapeutiques.
Le CHUM est aussi l’un des seuls hôpitaux au monde à intégrer une école d’intelligence artificielle (IA). Et celle-ci a également été sollicitée pour gérer la crise du Covid-19, notamment pour analyser les « biobanques ». Durant la crise, les équipes du CHUM ont également appliqué des projets de recherche en IA afin d’aider les soignants à mieux gérer le flux de nouveaux patients. Face à l’arrivée importante et inhabituelle de patients atteints d’une nouvelle maladie, la plus grande difficulté a été en effet de gérer les ressources humaines et matérielles. Et pour cela, le CHUM a utilisé des outils de statistique avancée et d’analytique poussée pour mieux prédire les flux de patients internes et les potentiels nouveaux malades, en se basant sur l’avancée de l’épidémie et les courbes prédictives. Des programmes qui ont permis de mieux gérer le parc de 772 lits de l’hôpital et les places en soins intensifs.
Des installations de pointe en ordre de marche
Pour faire face à la crise, le CHUM a également dû mettre en place de nouveaux processus de gestion des ressources humaines, de transport interne des patients, de chaînes d’approvisionnement et de communications. L’innovation s’est également traduite par le réaménagement des espaces de travail, la mise sur pied d’un centre de dépistage, d’une halte-garderie et d’un service d’impression 3D pour contrer la pénurie de visières et d’écouvillons...
Mais si les soignants, les chercheurs et les enseignants du CHUM ont pu faire face à l’épidémie, c’est aussi parce que l’hôpital fonctionne comme un tout, les services médicaux ne pouvant se consacrer à leur mission première que si « l’intendance suit ». Ses installations sont gérées par deux entreprises partenaires expérimentées en matière de gestion d’infrastructures complexes : le groupe de construction canadien Pomerleau et la filiale québécoise de Veolia Energy Canada.
Après avoir piloté la construction du Centre de recherche du CHUM, livré en 2013, puis celle des bâtiments complémentaires de l’hôpital sur le site de l’ancien hôpital Saint-Luc (cliniques externes, tour de bureaux, bibliothèque, amphithéâtre), Pomerleau assure la maintenance et le bon fonctionnement des bâtiments du CHUM dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP). Partenaire à 20 % du consortium, Veolia Energy Canada a développé, de son côté, la centrale énergétique du nouveau complexe hospitalier, et assure aujourd’hui la gestion de la sécurité, de la performance énergétique, de la maintenance et du cycle de vie.
Doté d’équipements modernes, ce vaste ensemble de 275 000 m2, construit au cœur du « quartier de la santé », à l’est du centre-ville de Montréal, est aujourd’hui l’un des plus grands centres hospitaliers universitaires d’Amérique du Nord. Il dessert 40 % de la population du Québec, et contribue à la formation de près de 50 % de ses médecins. Moins de trois ans après l’inauguration de l’hôpital en octobre 2017, le CHUM a su mobiliser ses équipes pour apporter une contribution importante à la lutte du Québec contre la pandémie.