Itélis, Carte Blanche, SantéClair, Kalixia ou encore Sévéane… Leur nom est inconnu du grand public, et pourtant, à cinq, ces plates-formes de santé qui s'intercalent entre les organismes complémentaires d'assurance maladie (OCAM) et les professionnels de santé orientent les choix médicaux de millions de Français.
Déjà très influents, puisque pour bénéficier du tiers-payant et des conditions les plus avantageuses au moment de changer leur paire de lunettes, ou de se faire poser une couronne, leurs adhérents se voient proposer un parcours fléché vers tel produit ou tel praticien, les différents réseaux de soins viennent de se regrouper en association.
Un marché déjà fortement concentré
Lancée en avril dernier, l'Association des plateformes santé (APFS) a vocation à défendre leurs intérêts et leur capacité d'action dans le contexte compliqué de la Loi 100% Santé, qui a réduit l'attractivité de leurs offres. Un regroupement qui inquiète les professionnels. Dans le secteur de l'optique, où ces réseaux jouent un rôle clé, le Rassemblement des Opticiens de France (ROF) craint une forme de concertation, voire d'entente. « Sauf à ce que d'importantes précautions soient prises, les membres de l'APFS pourraient avoir intérêt à coordonner certaines de leurs actions et/ou réflexions ».
Convergence des prix
Marc Sabek, vice-président des chirurgiens-dentistes de France, constate que sous l'égide de ces réseaux, « des chaînes de centres dentaires se multiplient à l'identique sur tout le territoire, avec les mêmes prestations, les mêmes tarifs, les mêmes méthodes managériales, ce qui constitue déjà une distorsion à la concurrence ». Et d'observer une étonnante convergence des prix, « avec des patients réorientés par les plates-formes vers différents centres ayant exactement les mêmes prix pour les mêmes implants ».
Renforcement des contrôles
Le Syndicat national des médecins ostéopathes est moins tranché dans ses positions, si l'on en croit l'un de ses porte-parole : « nous ne sommes pas forcément la profession la plus touchée, mais nous regardons cela de près. Il faudrait que ces plates-formes soient beaucoup encadrées ». Dans son rapport consacré aux réseaux de soins, paru en 2017, l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), prônait déjà un renforcement des contrôles, resté lettre morte depuis.