La bataille pour l’interdiction des nitrites ajoutés dans les produits de charcuterie est loin d’être gagnée : le 3 février 2022, les députés ont voté, à la quasi-unanimité, un texte « a minima » actant le principe d’une « trajectoire de baisse » de leur teneur.
Baisse de teneur en nitrites : l’essentiel des mesures passera par décret
La fin des nitrites dans les produits de charcuterie, ce n’est pas pour demain. Dans la lignée de ce qui avait été voté en Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale le 26 janvier 2022, le 3 février 2022 dans l’hémicycle les députés se sont prononcés pour une « trajectoire de baisse » des doses maximales d’additifs nitrés. Ces amendements, proposés par le gouvernement, ont été adoptés par 93 voix contre 1, et une abstention.
Le chemin s’annonce néanmoins long. Et, pour une fois, l’essentiel des mesures passera par décret, à des échéances plus ou moins longues.
Conformément à la volonté du gouvernement et des députés, la rédaction d’un nouvel avis a été commandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Le gouvernement doit par ailleurs rédiger un rapport là-dessus. Puis, dans un délai de 12 mois après l’avis de l’Anses (prévu mi-2022), un décret fixera la dose maximale de nitrites ajoutés ainsi que les exceptions possibles. Enfin, dans un délai de 18 mois après la publication de la loi, un autre décret devra préciser les modalités de l’étiquetage spécifique pour les produits contenant des additifs nitrités et limiter leur publicité.
Le caractère cancérogène des nitrites est avéré depuis 2015
Rappelons qu’en 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé la viande transformée, notamment la charcuterie, comme cancérogène (catégorie 1). Elle favoriserait, entre autres, les cancers colorectaux. Les nitrites ingérés sont, quant à eux, considérés comme des cancérogènes probables (catégorie 2A). Plus précisément, une fois ingérés, au cours de la digestion ils interagissent avec d’autres composés chimiques présents dans l’estomac, c’est cette réaction chimique qui résulte en la production de nitrosamines qui, eux, sont cancérogènes.
Cette victoire en demi-teinte est saluée par certaines associations et ONG, dont Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka, très actives sur le sujet. Les trois organisations regrettent que les choses n’aillent pas aussi vite qu’elles l’auraient souhaitées sur ce sujet avec une interdiction immédiate, et que les décisions aient été reportées de plusieurs mois et conditionnées au rapport de l’Anses.