57% des services de réanimation français déplorent au moins un poste vacant de médecin réanimateur contre 36% en 2012, apprend-on d’une étude réalisée par le Collège des Enseignants en Médecine intensive de Réanimation (CeMIR).
Hors CHU, l’insuffisance de médecins-réanimateurs est encore plus prononcée
Les services de réanimation des hôpitaux français manquent de personnel. En 2021, ce sont 329 postes de médecins réanimateurs qui ne sont pas pourvus en France, contre 163 en 2012, révèle le Conseil National Professionnel de médecine intensive réanimation (CNP-MIR). Au total, 57% des services de réanimation déplorent au moins un poste de médecin vacant. La situation est particulièrement critique dans 25% des services, où 2 postes sont non pourvus. La situation s’est d’ailleurs considérablement dégradée en dix ans puisqu’en 2012, 36% des services de réanimation « seulement » étaient concernés par un manque de personnel. Ces chiffres ont été obtenus par le Collège des Enseignants en Médecine intensive de Réanimation (CeMIR) auprès des 299 services de réanimation que compte le système de soins français.
Les centres hospitaliers extra-universitaires sont particulièrement touchés par cette pénurie : 76% d’entre eux manquent de médecins. Des postes ont pourtant été ouverts ces dix dernières années, mais ils n’ont pas pu être pourvus, faute d’un nombre suffisant de médecins réanimateurs formés. « Conséquence de cette pénurie de médecins réanimateurs : une surcharge de travail importante pour les praticiens qui en moyenne sont de garde tous les 5 jours et travaillent un week-end sur deux, soit une implication qui dépasse nettement les limites fixées par la réglementation », déplore le Conseil.
L’âge moyen avancé des médecins-réanimateurs contribuera à leur insuffisance dans les années à venir
Pour pouvoir prendre en charge les patients, 36% des services de réanimation ont recours à des intérimaires. Le pourcentage des intérimaires est particulièrement élevé dans les centres hospitaliers extra-universitaires : 47% des postes n’y sont pas pourvus. Or, outre son coût extrêmement élevé, le recours au personnel intérimaire joue négativement sur la stabilité des équipes et la continuité de prise en charge des patients, pointe le Conseil National Professionnel de médecine intensive réanimation (CNP-MIR).
La situation ne devrait d’ailleurs pas s’arranger rapidement. Comme le fait remarquer Olfa Hamzaoui, porte-parole du Conseil National Professionnel de médecine intensive réanimation, « aux 329 postes actuellement vacants, il faut ajouter plus de 300 départs en retraite des médecins de plus de 60 ans dans les 5 ans à venir ». En effet, 12% des médecins réanimateurs en activité ont plus de 60 ans.
En mars 2021, l’insuffisance de lits de réanimation et de médecins réanimateurs avait déjà été épinglée par la Cour des comptes.