Si la médecine et la chirurgie font des miracles pour corriger les effets du temps sur notre corps, le vieillissement reste un processus biologique complexe et global qui affecte tous nos sens, dont la vue, particulièrement mise à mal dès 50 ans. Focus sur les réponses apportées par les professionnels de santé pour remédier aux conséquences du vieillissement oculaire.
C’est inéluctable : avec l’âge, nos sens s’altèrent pour devenir de moins en moins performants. Si le toucher est relativement épargné par le processus de vieillissement, le nombre de capteurs du goût diminue, les cellules ciliées de l’oreille interne ou du récepteur de l’odorat se détruisent, l’œil est plus fragile. Ainsi, particulièrement touchée par le processus de vieillissement, la vue décline inexorablement et de nombreuses pathologies peuvent alors se développer : presbytie, cataracte, glaucome, DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge). L’impact dans le quotidien des patients peut causer de graves dommages : basse vision handicapante, isolement, mobilité réduite, perte d’autonomie, risque de chute…
Les recherches menées par l’Institut de la Vision à Paris laissent entrevoir un espoir pour tous les patients âgés souffrant de troubles de la vision. 5 patients souffrant de DMLA sèche ont ainsi bénéficié d’une greffe de rétine améliorant leur acuité visuelle. En outre, certains professionnels de l’optique, forment leurs salariés à l’accompagnement spécifique des personnes souffrant de basse vision.
Échanges, innovations et rencontres pour rompre l’isolement des personnes âgées
Rompre l’isolement, créer du lien et maintenir l’autonomie des personnes âgées sont les nouveaux enjeux des professionnels de santé. Pour pallier les faiblesses du patient liées au vieillissement oculaire, les entreprises françaises ne manquent pas de ressources. Chez Agoralude(1) par exemple, on propose des jeux de société adaptés aux aînés ayant des problèmes de vue : plateaux de jeux et dés plus grands, pions plus gros, cartes avec des chiffres et des lettres plus lisibles... Une initiative développée pour faire des jeux de société un outil de rencontres et d’échanges pour les personnes âgées.
Certaines entreprises misent sur l’innovation pour accompagner nos aînés dans leurs déplacements. Car l’un des principaux dangers est le risque de chute accru qui entraîne souvent des pathologies lourdes, et un stress important chez le patient âgé. La start-up française Nov’in(2) propose des objets connectés au service de la protection des personnes. C’est tout naturellement qu’est né le projet de canne connectée, la « Smartcane » munie de la technologie « Dring ». La canne détecte les chutes éventuelles et la perte de verticalité, et prévient directement les personnes enregistrées (famille, aidant, soignant, etc.). Il apparaît que cet outil rassure les patients, qui peuvent également activer le signal eux-mêmes, et les encourage à maintenir leurs déplacements…
Le risque d’isolement devient en effet extrêmement important quand la personne âgée ne peut plus se déplacer. Les conséquences sont aussi bien sociales que médicales, en particulier quand les patients ont des difficultés à accéder aux soins. Pénurie de spécialistes, difficultés à se déplacer, éloignement géographique : autant d’épreuves qui peuvent exclure les personnes âgées d’un parcours de soin adapté. Pour les professionnels de santé, l’enjeu est donc de compenser cet isolement. Toutes les idées sont exploitées : téléconsultation pour les uns, camping-car équipé pour les autres. Chez Optic 2000, l’un des grands axes de développement de la coopérative de l'optique repose sur la solidarité. Yves Guénin, secrétaire général, explique que « les opticiens ne sont pas des marchands de lunettes : ils sont là pour maintenir les gens dans la société »(3). C’est pourquoi l’enseigne d’optique la plus connue des français propose un service de visites à domicile qui permettent au patient isolé d’être équipé d’une monture adaptée à sa correction et sa morphologie, sans nécessairement avoir à se déplacer. En outre, les « Rendez-vous Prévoyance » organisés par la Optic 2000 sont l’occasion pour les opticiens de sortir des magasins pour aller au plus proche des patients.
Que ce soit par le jeu, la recherche ou l’innovation, créer du lien et redonner le goût du contact semble être une solution admise par tous les professionnels de santé pour accompagner au mieux les personnes âgées souffrant de défaillance visuelle. Comme le rappelle Yves Guénin « face aux enjeux du vieillissement ou du renoncement aux soins, l’optique doit sortir des magasins. Pour aller, notamment, à la rencontre des personnes dont les déplacements sont particulièrement difficiles. »
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