Pédopsychiatre, le docteur Maurice Berger vient de publier un « rapport » consacré à ce mal qui pourrit la vie de nombreuses personnes : la violence irrépressible d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes, violence que les pouvoirs publics ne savent pas comment la contenir, alors même qu’elle provoque d’épouvantables blessures physiques et psychiques – et parfois la mort.
Maurice Berger (MB) n’en est pas à son premier ouvrage sur cette question, qu’il connaît mieux que personne. Citons « Voulons nous des enfants barbares ? », publié chez Dunod en 2008 ; « De l’incivilité au terrorisme », Dunod, 2016 ; « L’échec de la protection de l’enfance », Dunod, 2004. C’est un praticien qui réfléchit sur sa pratique et celle des institutions auxquelles les enfants et les jeunes sont confiés ou confrontés – y compris la justice. Ses observations et ses analyses, si elles étaient connues et suivies d’effet comme elles devraient l’être, sont fondamentales pour qui veut faire reculer ce gâchis. J’ai le sentiment que son changement d’éditeur est symbolique : après une longue collaboration avec Dunod, passer chez un éditeur nommé L’Artilleur signifie probablement l’énervement de ne pas être compris par les lecteurs « académiques » et les représentants de l’autorité, donc la volonté de s’adresser davantage au grand public, aux détenteurs de la vox populi.
Il est vrai que les institutions et les personnes ayant mission de traiter le problème préfèrent majoritairement rester « les yeux grand fermés », selon l’expression utilisée par la démographe Michèle Tribalat comme titre de l’un de ses remarquables ouvrages consacrés à l’immigration. Le nouveau « rapport Berger », sous-titre du livre sous revue, fait partie de ces travaux intellectuellement puissants, qui pourraient changer bien des choses si parmi les personnes occupant des fonctions clé il s’en trouvait suffisamment pour entendre la vérité, pour comprendre comment fonctionnent les hommes et les sociétés.
Il est probable que la République présidée par E. Macron restera droit dans ses bottes bureaucratiques, sourde et aveugle à tout message basé sur l’observation méticuleuse des faits et sur leur analyse scientifique. Le rouleau compresseur de la bien-pensance écrasera les idées qui n’ont pour elles que d’être intelligentes et orientées vers le Bien Commun. Pour ceux qui essayent néanmoins de dire ce qui est, et ce qui serait possible, tout est perdu, for l’honneur. Lisez Berger, et vous comprendrez.