Obésité : les labradors auraient les mêmes gènes que les humains

Une étude récente montre qu’un gène commun aux labradors et aux humains pourrait jouer un rôle clé dans la prédisposition à l’obésité.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 7 mars 2025 9h24
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Obésité : les labradors auraient les mêmes gènes que les humains © Shutterstock
15%En France, 15 % de la population est obèse.

L’obésité est un problème de santé publique majeur qui touche un nombre croissant d’individus à travers le monde. Souvent attribuée à une mauvaise alimentation et un manque d’activité physique, elle repose en réalité sur des mécanismes bien plus complexes, où la génétique joue un rôle non négligeable. Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Cambridge a récemment mis en évidence un lien génétique entre l’obésité humaine et celle des Labradors. Ce lien repose sur un gène spécifique, DENND1B, qui influence l’appétit et le stockage des graisses.

Un gène clé dans l’obésité des Labradors… et des humains

L’influence de la génétique sur l'obésité est un sujet d’étude depuis plusieurs décennies. Une récente recherche menée par l’Université de Cambridge, publiée dans Science, met en lumière un lien inattendu : le gène DENND1B, déjà connu pour son implication dans l’équilibre énergétique chez l’homme, serait également un facteur clé dans la prédisposition à l’obésité chez les Labradors.

Cette étude repose sur une analyse poussée du génome de nombreux Labradors ainsi que sur l’observation de leurs comportements alimentaires. Les chercheurs ont constaté que les chiens porteurs de ce gène avaient une tendance plus marquée à manger en grande quantité et à stocker davantage de graisse corporelle que les autres. Ce qui est frappant, c’est que ce phénomène est également observé chez les humains possédant une variante similaire du gène DENND1B.

Les résultats de l’étude révèlent que les Labradors porteurs de cette mutation génétique présentent en moyenne 8 % de graisse corporelle en plus que ceux qui en sont dépourvus. De manière similaire, les individus humains dotés de cette même variation génétique ont une propension accrue à l’obésité, indépendamment de leur régime alimentaire. Cette découverte souligne que certaines personnes, tout comme certains chiens, peuvent être prédisposées génétiquement à un stockage excessif des graisses. Eleanor Raffan, chercheuse à l’Université de Cambridge et co-auteure de l’étude, insiste sur cette dimension : « Nos travaux montrent que les individus prédisposés génétiquement à l’obésité doivent fournir un effort bien plus important pour maintenir un poids stable. Ce constat s’applique aussi bien aux humains qu’aux chiens. »

Pourquoi ce gène influence-t-il l’appétit ?

Le rôle du gène DENND1B ne se limite pas à une simple prédisposition au surpoids. Il agit directement sur une voie cérébrale essentielle à la régulation de l’appétit et du métabolisme énergétique : la voie de la leptine-mélanocortine. Cette voie, impliquée dans la sensation de satiété, est un élément clé du contrôle du poids corporel. Lorsqu’elle est perturbée par une mutation génétique, le signal envoyé au cerveau indiquant que l’estomac est plein devient moins efficace, ce qui pousse l’individu ou l’animal à consommer davantage de nourriture.

Cette découverte renforce l’idée que l’obésité ne peut être réduite à une simple question de comportement alimentaire ou de volonté. Les facteurs génétiques jouent un rôle majeur dans la régulation de l’appétit et le stockage des graisses. Ainsi, les Labradors génétiquement prédisposés à l’obésité se montrent plus insatiables que les autres, harcelant régulièrement leurs propriétaires pour obtenir de la nourriture. Chez l’être humain, cette même mutation favorise une sensation de faim persistante et une propension accrue à la surconsommation alimentaire.

Les chercheurs ont également remarqué que les propriétaires de Labradors porteurs de cette mutation génétique devaient redoubler d’efforts pour contrôler leur alimentation et leur exercice physique afin d’éviter l’accumulation excessive de graisse corporelle. Ce constat se transpose également aux humains : une personne génétiquement prédisposée à l’obésité devra faire preuve d’une vigilance accrue sur son régime alimentaire et son activité physique pour maintenir un poids stable.

Un espoir pour la lutte contre l’obésité humaine ?

L’intérêt de cette découverte dépasse largement le cadre vétérinaire. Comprendre le rôle du gène DENND1B chez les chiens offre aux scientifiques un modèle d’étude unique pour mieux cerner les mécanismes de l’obésité humaine. Contrairement aux études menées directement sur l’homme, souvent influencées par des biais comportementaux et environnementaux, l’analyse des chiens permet une approche plus objective et rigoureuse des facteurs strictement génétiques.

Les résultats obtenus pourraient ouvrir la voie à de nouvelles stratégies pour lutter contre l’obésité. En ciblant les mécanismes d’action de DENND1B, les chercheurs espèrent mettre au point des traitements permettant de mieux réguler l’appétit et de limiter le stockage des graisses. Les scientifiques restent prudents quant à l’application immédiate de ces découvertes en médecine humaine. Si la génétique joue un rôle crucial, elle n’explique pas tout. L’étude souligne que même les chiens génétiquement prédisposés à l’obésité peuvent maintenir un poids stable à condition de suivre un régime alimentaire strict et de pratiquer une activité physique régulière. Ce constat s’applique de manière identique aux humains.

Génétique ou responsabilité individuelle ?

On ne peut alors pas uniquement attribuer l’obésité à la génétique. Si certains individus et certains Labradors sont naturellement plus enclins à prendre du poids en raison de leur patrimoine génétique, il est essentiel de rappeler que cet héritage n’est pas une fatalité. Une alimentation contrôlée et une activité physique adaptée permettent d’atténuer ces prédispositions et de maintenir un poids de forme.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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