Fléau de plus en plus répandu, la surcharge pondérale est associée à de nombreuses pathologies — mais elle est loin d’être une fatalité. En témoignent les bons résultats de la méthode RNPC, dont l’efficacité a été démontrée par plusieurs études scientifiques, et qui se concentre essentiellement sur la rééducation nutritionnelle et comportementale des patients.
Programme RNPC : travailler en amont sur les risques liés à la surcharge pondérale
La surcharge pondérale — surpoids comme obésité — concerne 35 % des adultes sur l’ensemble de la planète selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La France pourrait d’ailleurs compter 25 à 30 % d’adultes obèses d’ici à 2030 selon l’institution onusienne. Cette véritable pandémie non infectieuse est loin d’être anodine, car le surpoids (et pas seulement l’obésité) est un facteur de risque de très nombreuses maladies : stéatohépatite non-alcoolique (NASH), diabète de type 2, syndrome d’apnées du sommeil, pathologies cardiovasculaires ou rénales…
Or, si l'approche médicale et chirurgicale (prise de médicaments, chirurgie bariatrique…) est évidemment utile à de nombreux patients, elle ne s'attaque pas à la racine du problème — à savoir l’aspect comportemental. C'est justement suivant ce constat qu'a été bâti, à partir des résultats des études scientifiques les plus importantes en la matière, le programme de Rééducation Nutritionnelle et Psycho-Comportementale (RNPC), qui vise, en priorité, à l'apprentissage de nouveaux comportements alimentaires sur le long terme.
L'étude DiOGenes montre que la reprise de poids n'est pas une fatalité
« Le protocole du Programme RNPC s’appuie en grande partie sur les résultats de grandes études interventionnelles, telles que DiOGenes », détaille Rémy Legrand, président et fondateur du réseau RNPC.
L’étude DiOGenes (Diet, Obesity and Genes), dont les résultats sur la perte de poids à long terme ont été publiés en 2010 dans le New England Journal of Medicine est, en effet, considérée comme une des études interventionnelles les plus importantes sur la perte et la stabilisation pondérales. Cette étude a mobilisé huit centres de recherche partout en Europe et une cohorte de 772 familles. Les conclusions de celle-ci sont doubles.
D’une part, sur le plan nutritionnel, les auteurs de l’étude ont confirmé que l’emploi de substituts de repas enrichis en protéines est la solution optimale pour une perte de poids initiale rapide.
D’autre part, sur la base des résultats obtenus dans la seconde phase de l’étude, ils recommandent une répartition bien spécifique des macronutriments en vue de stabiliser la perte de poids dans sa phase initiale : 45 % de glucides (à index glycémique bas), 30 % de lipides et 25 % de protéines.
Par ailleurs, les conclusions de l’étude DiOGenes tendent à montrer que la stabilisation pondérale post-perte de poids initiale est très fortement aidée par un suivi régulier avec un professionnel de santé (diététicien, médecin généraliste…).
Issue des enseignements de l’étude DiOGenes, la méthode RNPC met l’accent sur l’accompagnement très encadré des patients par des professionnels de santé. Les personnes qui suivent le programme doivent ainsi consulter toutes les deux semaines un diététicien diplômé d’État. Leur médecin généraliste est également informé de leur démarche de prise en charge de leur surcharge pondérale, ainsi que de l’évolution de leur perte de poids. « Notre programme est médicalisé pour plusieurs raisons », explique Rémy Legrand. « Nous devons placer nos patients dans la zone de sécurité la plus totale et, pour ce faire, il nous faut absolument connaitre l’état clinique de ceux-ci. […] Concrètement, les diététiciens RNPC prennent en charge ces patients pour un premier entretien de deux heures, puis tous les quinze jours pour un entretien de trente minutes. Le diététicien joue un rôle clé : il rend compte au médecin tous les mois, par des comptes-rendus très complets ». Cet accompagnement se poursuit également après les deux phases du programme — perte de poids initiale et stabilisation —, à vie si les patients le souhaitent.
La méthode RNPC, en tant que programme psycho-comportemental, vise donc essentiellement à accompagner les patients en situation de surcharge pondérale vers un meilleur équilibre alimentaire, à les aider à mieux comprendre les causes de leur prise de poids ainsi que les risques liés à la surcharge pondérale sur leur propre santé. « Le programme RNPC est une thérapeutique à part entière », qui a fait ses preuves depuis dix-sept ans estime Rémy Legrand.
Diabète, NASH… : une amélioration majeure de l'état de santé de nombreux patients
Le réseau RNPC a mené plusieurs études afin d’évaluer l’efficacité de son programme.
Une étude publiée dans Obesity Medicine a ainsi été menée auprès d’une cohorte de 12 179 patients ayant suivi la méthode RNPC. Les personnes ayant achevé la phase d’amaigrissement (89 % du total) ont perdu, en moyenne, 11 % de leur poids initial. Mais surtout, au cours des phases suivantes — celles de stabilisation de la perte de poids —, les patients ont continué à maigrir, pour une perte totale de 17 % sur une durée de 9 mois en moyenne. À titre de comparaison, l’OMS considère qu’une perte de poids réussie s’inscrit dans un intervalle de 3 à 5 % du poids initial maintenue sur six mois.
Une seconde étude, intitulée "Metabolic improvements during weight loss : The RNPC cohort", publiée début 2019 dans la même revue, a également attesté des très bons résultats de la méthode sur l’état de santé des patients atteints du syndrome métabolique, de la stéatohépatite non-alcoolique ou du diabète de type 2. L’analyse, menée auprès de 10 809 patients de la cohorte RNPC, montre que près de 70 % des individus atteints d’un syndrome métabolique et 78 % des personnes présentant une stéatohépatite métabolique ont obtenu une rémission de ces pathologies grâce à leur perte de poids. L’analyse montre également que la moitié des patients traités par antihypertenseurs et/ou antidiabétiques ont pu cesser leur traitement à la suite de leur perte de poids.
Ces résultats entrent en résonance avec l’étude DiRECT (Michael Lean et al., Lancet Diabetes & Endocrinology, mars 2019), qui a montré que la rémission du diabète de type 2 était possible grâce à un programme de perte de poids, sans aucune intervention chirurgicale. « L’importance de la perte de poids pour les personnes atteintes de diabète de type 2 n’est pas prise au sérieux comme elle devrait l’être », regrette le Pr Michael Lean, président du département Human Nutrition à l’Université de Glasgow et co-auteur de l'étude DiRECT.
L’amélioration de l’état de santé des patients et la résolution — même partielle — de certaines des pathologies associées à la surcharge pondérale montrent qu’il est essentiel de travailler sur le comportement alimentaire des patients. Une réalité qui mériterait d’être mieux connue du corps médical.
Le réseau RNPC entend renforcer l’éducation diététique sur le surpoids et ses risques
La surcharge pondérale est un problème qui concerne toute la société : c'est à partir de ce constat que Rémy Legrand a souhaité mener un important effort d’éducation et de partage des connaissances auprès du grand public et du corps médical. C'est à cet effet que le réseau organise des congrès interdisciplinaires, dont la 3e édition, qui s'est tenue en juillet dernier, a traité des foyers ectopiques de graisse. Cette conférence a ainsi rassemblé des professeurs et docteurs reconnus mondialement dans les domaines de l’obésité, de la cardiologie, de la diabétologie, de la pneumologie, de la gastro-entérologie, ou encore de la néphrologie.
Toujours désireux de lutter au mieux contre les dangers du surpoids, Rémy Legrand a créé l’Union Française pour la Santé Cardio-Vasculaire et Articulaire (UFSCVA), qui vise à « organiser les moyens de lutte contre les pathologies en lien avec la surcharge pondérale (surpoids et obésité) de manière préventive et curative, notamment par l’amélioration du niveau d’activité physique en opposition à la sédentarité, la prévention des risques de surcharge pondérale ou de reprise de poids, et la lutte contre le tabagisme et les effets de son arrêt ».
Cette Fédération organise des journées d’action dans les entreprises, afin de sensibiliser le plus large public possible aux risques liés à la surcharge pondérale. Un travail en amont de prévention appelé à se renforcer tant la surcharge pondérale et ses comorbidités ne cessent de se développer.