Une nouvelle étude du CHU de Nîmes, publiée dans la revue scientifique JAMA, affirme que la vitamine D pourrait ralentir l’évolution de la sclérose en plaques.
Sclérose en plaque : la vitamine D pourrait freiner son apparition

Le 10 mars 2025, une étude menée par le CHU de Nîmes et publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) révèle un effet bénéfique de la vitamine D à haute dose pour ralentir l’évolution de la sclérose en plaques (SEP). Pendant plus de dix ans, les chercheurs ont suivi plus de 300 patients, démontrant que la prise de fortes doses de vitamine D dès les premiers symptômes de la maladie pourrait retarder son évolution.
La vitamine D et la sclérose en plaques : une corrélation connue, une efficacité prouvée ?
L’idée d’un lien entre la vitamine D et la sclérose en plaques ne date pas d’hier. Depuis les années 1960, plusieurs chercheurs ont observé que la maladie était beaucoup plus fréquente dans les pays nordiques que dans les régions ensoleillées. L’explication avancée repose sur l’exposition au soleil, qui favorise la synthèse naturelle de la vitamine D et pourrait jouer un rôle protecteur contre la sclérose en plaques.
Jusqu’à présent, aucune étude de grande ampleur n’avait prouvé scientifiquement que la supplémentation en vitamine D pouvait ralentir l’évolution de la maladie une fois déclarée. C’est désormais chose faite avec l’étude D-Lay-MS, coordonnée par le professeur Éric Thouvenot, chef du service de neurologie du CHU de Nîmes.
L’étude D-Lay-MS : une avancée scientifique majeure
L’étude D-Lay-MS, menée dans 36 centres hospitaliers, a suivi 303 patients entre 2012 et 2022. Son objectif était de vérifier si une supplémentation en fortes doses de vitamine D pouvait freiner la progression de la sclérose en plaques. Pour ce faire, les patients ont été divisés en deux groupes : un premier groupe de 157 patients a reçu deux ampoules de 100 000 UI de vitamine D par mois, tandis que le second groupe, composé de 146 patients, a reçu un placebo.
Les résultats obtenus ont mis en évidence un effet significatif de la supplémentation en vitamine D. Le délai médian avant l’apparition d’une nouvelle lésion ou d’une poussée a presque doublé chez les patients traités, atteignant 432 jours, contre seulement 224 jours pour le groupe placebo. De plus, 60,3 % des patients sous vitamine D n’ont présenté aucune nouvelle activité clinique ou radiologique de la maladie, contre 74,1 % dans le groupe placebo. En d’autres termes, la prise de vitamine D a permis une réduction du risque relatif d’activité de la maladie de 34 %, un chiffre comparable aux traitements de fond existants.
Un espoir, mais pas un remède miracle
Si ces résultats sont prometteurs, ils ne signifient pas pour autant que la vitamine D va remplacer les traitements existants. Comme l’explique le professeur Thouvenot, il s’agit d’un complément thérapeutique et non d’un substitut aux médicaments de fond. D’ailleurs, l’étude a exclu les patients déjà sous traitement spécifique afin d’isoler l’effet réel de la vitamine D. De plus, aucun effet indésirable majeur n’a été signalé, ce qui en fait une piste thérapeutique sûre.
La prochaine étape consistera à lancer une nouvelle étude clinique impliquant 450 patients afin de mesurer l’effet de la vitamine D lorsqu’elle est combinée aux traitements habituels de la sclérose en plaques. Cette recherche vise à déterminer si la vitamine D pourrait améliorer l’efficacité des thérapies déjà utilisées pour ralentir la progression de la maladie.
Ce que cela change pour les malades
Pour les patients atteints de sclérose en plaques, cette étude pourrait modifier la manière dont la maladie est prise en charge. Tout d’abord, l’accès à la vitamine D est facilité puisqu’elle est peu coûteuse et largement disponible. Ensuite, certains spécialistes suggèrent d’augmenter la supplémentation dès l’enfance pour réduire les risques de développer la maladie. Enfin, elle pourrait être intégrée dans les protocoles médicaux afin de ralentir la progression de la sclérose en plaques, en complément des traitements de fond.
Cependant, la prudence reste de mise. En France, l’Assurance Maladie ne rembourse pas encore la supplémentation en vitamine D pour la sclérose en plaques. Avant d’envisager une modification des recommandations officielles, il sera nécessaire d’obtenir davantage de données scientifiques confirmant ces premiers résultats.