Dans l’ombre des chiffres globaux sur la santé nationale, des disparités criantes se dessinent entre les territoires. Si certains départements semblent offrir un environnement propice à une vie saine, d’autres accumulent les signaux d’alerte.
Vie quotidienne : quel département vous offre un cadre de vie sain ?

Le 17 avril 2025, l’organisme Zava a publié un classement inédit des départements français selon leur performance globale en matière de santé. Fondée sur des données spatiales, médicales, environnementales et sociales, cette enquête relance les inquiétudes sur la progression des déserts médicaux, tout en soulignant les efforts réussis de certaines zones à bâtir un cadre de vie plus sain. À la lumière de ce rapport et d’indicateurs issus de l’Insee ou du Sénat, l'écart entre le département le plus vertueux et celui en souffrance n’a jamais été aussi frappant.
Hautes-Alpes : champion de la santé en 2025
Dans l’étude menée par Zava, les Hautes-Alpes caracolent en tête avec une note vertigineuse de 9,53 sur 10, loin devant le reste du peloton. Ce classement se base sur des critères objectifs : densité médicale, infrastructures sportives, qualité de l’air, accès aux soins, et mobilité douce. Comme le souligne l'étude, le haut score des Hautes-Alpes s'explique en grande partie par une synergie vertueuse entre environnement naturel et politiques locales de santé publique.
À cela s’ajoute un indice de pollution extrêmement bas, un réseau cyclable développé, des centres sportifs bien répartis et une accessibilité médicale nettement au-dessus de la moyenne nationale. Cette combinaison permet aux habitants des Hautes-Alpes de cumuler espérance de vie longue et qualité de vie, loin des contraintes qui pèsent sur d’autres zones.
Aisne : le pire des départements
À l’autre extrémité du classement, l’Aisne décroche tristement la pire note nationale : 2,39 sur 10. Les données parlent d’elles-mêmes. Le département ne dispose que de 211 médecins pour 100 000 habitants.
Plus grave encore : un seul hôpital dessert l’ensemble du territoire, les infrastructures de mobilité douce sont dérisoires, avec moins de 0,5 kilomètre de piste cyclable pour 100 km². Quant à l’offre sportive, elle est tout simplement indigente. Pour couronner le tout, l’indice de pollution y atteint 7,26 sur 10, un seuil particulièrement préoccupant.
Une proposition de loi qui en fait pas l'unanimité
L’INSEE, dans son rapport mis à jour en janvier 2025, fournit un indicateur clé : l’espérance de vie en bonne santé, ou AVBS. En France, elle s’établit à 65,5 ans pour les hommes et 65,2 ans pour les femmes en 2022, des chiffres supérieurs à la moyenne de l’Union européenne (63,1 et 62,8 ans respectivement). Mais derrière ces moyennes flatteuses se cache une hétérogénéité préoccupante : les territoires ruraux et périurbains cumulent retards de dépistage, sous-équipement médical et accès difficile aux soins spécialisés.
Dans ce contexte, le classement Zava agit comme un révélateur impitoyable des inégalités d’accès aux soins entre les territoires. Ce constat tombe au moment même où une proposition de loi visant à encadrer l’installation des médecins est débattue au Parlement. Le texte prévoit un système d’autorisations conditionnant l’ouverture de nouveaux cabinets médicaux aux besoins locaux ) - via un système d’autorisations délivrées par les Agences régionales de santé (ARS) - avec pour objectif déclaré de pallier les déserts médicaux qui gangrènent des départements entiers.
Mais cette tentative de régulation suscite une vive opposition dans les rangs médicaux. Plusieurs syndicats de praticiens dénoncent une logique contraignante et inefficace, annonçant une mobilisation nationale les 28 et 29 avril 2025.